La vision : un phénomène complexe
La vision joue un rôle primordial dans la connaissance que nous pouvons avoir, à chaque instant, de notre environnement. Elle est aussi essentielle pour la coordination de tous nos mouvements, que ce soit pour les déplacements, pour la précision qu’exige une tâche, pour l’utilisation d’un outil, pour la lecture ou l’écriture… Elle est également sollicitée dans les relations interpersonnelles, la communication n’étant pas exclusivement verbale.
80% des informations qui nous parviennent du monde extérieur passent par nos yeux et sont traitées instantanément par le cerveau. Formes, couleurs, contrastes, ombres, positions relatives des personnes et des objets, relief, mouvements… Il nous suffit d’ouvrir les yeux pour découvrir la richesse du monde qui nous entoure, structurer l’espace et donner du sens à ce que nous voyons.
L’information visuelle doit cependant être tempérée. Dans certains cas, en effet, le toucher et les modalités haptiques sont plus performants que la vision lorsqu’il s’agit, par exemple, de déterminer la texture, la matière, la dureté du matériau, la température, le poids d’un objet…
En perpétuels mouvements, sans même que nous en ayons conscience, nos yeux explorent très rapidement la scène, de façon coordonnée, fixant alternativement divers points de l’espace situés dans différents plans.
Cependant, d’une fixation à l’autre, le premier objet qui absorbait notre attention se dilue dans une impression vague. Autrement dit, nous ne percevons pas de façon globale une scène visuelle : nous la « palpons » avec notre regard.
Un élément plus qu’un autre attire notre attention ou pénètre dans notre champ de vision ? Nous orientons notre regard dans sa direction pour pouvoir le fixer et l’analyser finement. Nous pouvons même en suivre les mouvements : si l’orientation des yeux ne suffit pas, nous tournerons la tête, nous nous déplacerons en même temps, plus ou moins vite s’il le faut, en contrôlant automatiquement la netteté de l’image sur la rétine, nos mouvements, notre vitesse, notre équilibre et la position de notre corps dans l’espace…
On a souvent tendance à croire que l'acuité visuelle est le seul critère qui compte dans l’estimation de la qualité de la vision. Cela est faux.
Dès que l'œil perçoit un mouvement dans son champ de vision latéral, le cerveau éprouve la nécessité d’une identification fine et commande la fixation de la cible par la partie centrale de la rétine, la macula, dont les cônes sont spécialisés dans la vision diurne des détails et la discrimination précise. L’objet détecté est alors analysé grâce à la vision des contrastes, à la vision des couleurs et à la reconnaissance des formes. Il est également situé dans l’espace, grâce au sens spatial (équilibre oculo-moteur, vision binoculaire et vision stéréoscopique).
Si les cônes rétiniens ont besoin de lumière pour être totalement fonctionnels, ce sont les bâtonnets de la rétine qui sont utilisés en vision crépusculaire pour la perception des contrastes et des références spatiales.
Les informations recueillies par les cellules rétiniennes sont ensuite transmises au cerveau pour y être interprétées. Du traitement de ces informations dépendra la conduite à adopter : négliger l'objet, en tenir compte, le fuir ou l'affronter si nécessaire.
Le paradoxe de la perception visuelle réside dans le fait que l’acte de voir nous paraît simple, immédiat, automatique et performant, alors que, de la saisie de l’information à son traitement, les problèmes à résoudre sont nombreux et d’une extrême complexité…