Quelques fonctions visuelles


A- L’acuité visuelle et la sensibilité aux contrastes

L’acuité visuelle détermine le pouvoir discriminant de la rétine. La perception des objets dépend également des facultés du système visuel à discerner les contrastes, c’est-à-dire, des différences de luminance entre deux zones qui se touchent. La mesure de l’acuité visuelle correspond à l’écart minimum entre deux points que le sujet peut percevoir comme étant séparés. Cette mesure est d'autant plus élevée que la taille de l'objet perçu est petite. On évalue l’acuité visuelle à deux distances d'observation :

  • de loin, à partir d’une échelle de lecture placée en général à cinq mètres. L'acuité visuelle est alors chiffrée en 10èmes ;
  • de près (à 33 cm), à partir d’une échelle de lecture composée de caractères d'imprimerie de tailles différentes. L'acuité visuelle de près mesurée à partir de l’échelle de Parinaud est chiffrée de Parinaud 14 (P 14) à Parinaud 1,5 (P 1,5), la vision de près normale correspondant à P 2.

Pour les enfants, on utilise des échelles de lecture adaptées (Pigassou, Rossano).

Exemple d’échelle d’AV de loin (échelle de type Monoyer) et d’échelle d’AV de près (échelle de Parinaud)

La meilleure acuité visuelle est obtenue lorsque l’image se forme dans la zone centrale de la rétine. La zone périphérique a, quant à elle, une faible acuité visuelle (1/10 environ).
L'acuité visuelle est mesurée pour chaque œil, pour les deux yeux ensemble, avec et sans correction optique.
Lorsque la meilleure acuité visuelle est obtenue sans correction optique, le sujet est dit emmétrope : les rayons lumineux convergent sur la rétine, permettant la perception d'une image nette.
Dans le cas contraire, le sujet est amétrope et l'obtention de la meilleure acuité visuelle nécessite une correction optique dont la puissance est chiffrée en dioptries.
Une perte d’acuité visuelle a une influence sur la netteté et la clarté de l’image. La lecture devient difficile et l’environnement semble flou. Les troubles de l’acuité visuelle peuvent être liés à des troubles de la réfraction ou à des pathologies oculaires.

A1- Les troubles de la réfraction

Le système optique oculaire normal permet une vision nette de loin grâce à une parfaite focalisation des images sur la rétine.
En cas de défaut de focalisation, une dégradation de la perception des images survient et l’acuité visuelle diminue. Selon la taille du globe oculaire, la courbure plus ou moins régulière de la cornée et la capacité d’accommodation du cristallin, les rayons lumineux peuvent arriver en avant ou en arrière de la rétine. L’image perçue est alors floue, comme dans les cas de myopie, d’hypermétropie, d’astigmatisme ou de presbytie.
Chez l’enfant, les troubles de la réfraction sont la plupart du temps des anomalies bénignes qui, une fois corrigées et si l’on intervient tôt, n’entraînent pas nécessairement une déficience visuelle. L'acuité visuelle, très faible à la naissance, atteint 10/10e vers 5 ans et la vision du relief s'améliore encore jusque vers 10 ans. C'est dire que toute anomalie du système optique de l'œil non corrigée ou toute pathologie oculaire non soignée durant cette période sensible peuvent avoir des conséquences graves sur l'avenir visuel de l'enfant.
Une consultation chez l’ophtalmologiste, permet un diagnostic complet et la proposition de solutions adaptées.

La myopie
La myopie correspond à un œil trop long ou trop puissant. Les rayons lumineux convergent en avant de la rétine. De ce fait, le cerveau reçoit une image floue : la vision au loin est trouble et, en vision de près, le support doit être fortement rapproché pour être net. La correction passe alors par un verre concave qui diminue la puissance de l'œil et transporte l’image sur la rétine en faisant diverger les rayons.

Oeil myope : objet A avant et après correction     Image avec myopie non corrigée

 

L'hypermétropie
L'hypermétropie se caractérise par un œil trop court, ou pas assez puissant. Les images se forment derrière la rétine, le cerveau ayant donc à traiter une image floue. Les personnes hypermétropes ont souvent une grande difficulté à voir de près avec netteté. Maux de tête et larmoiements accompagnent souvent ce trouble. Un verre convexe permettra d'augmenter la puissance de l'œil et de ramener l’image sur la rétine en faisant cette fois converger les rayons.

Oeil hypermétrope : objet A avant et après correction     Image avec hypermétropie non corrigée

 

L'astigmatisme
L'astigmatisme est un défaut de courbure de la cornée ou du cristallin qui dénature la vision, aussi bien de près que de loin. L'astigmate confond souvent des lettres qui se ressemblent et voit les objets plus ou moins déformés. La plupart du temps ce défaut est associé avec une myopie ou une hypermétropie. Dans ce cas, un verre torique permettra de rétablir la bonne perception des formes et leur netteté.

Oeil asygmate : objet H avant et après correction     Image avec asygmatisme non corrigé

 

La presbytie
La presbytie correspond à une perte inévitable de flexibilité du cristallin. Avec l'âge, la capacité d'adaptation de ce dernier se dégrade et l'œil voit moins bien les objets proches. Il faut alors tenir le journal toujours plus loin pour distinguer les lettres avec netteté…
Après 40 ans, ce problème nous guette tous ! La solution passe par un verre plus convergent pour compenser le manque d'accommodation du cristallin.

Oeil presbyte : objet H avant et après correction     Image avec asygmatisme non corrigé


(Source: http://www.snof.org/maladies/vuenfant.html)

Les défauts de réfraction génèrent des signes fonctionnels variables :

  • baisse d'acuité visuelle, vision floue ;
  • céphalées ;
  • rougeur oculaire en fin de journée ;
  • picotements ;
  • larmoiements.

Ces signes disparaissent après correction de l'amétropie.


A2- Les troubles liés à une pathologie oculaire

Contrairement aux précédents, ces troubles ne peuvent pas être réduits par une correction optique. Quand elle est possible, une chirurgie spécifique peut être nécessaire, tout comme une rééducation adaptée.
Une atteinte d’une partie de l’œil peut faire chuter l’acuité visuelle de façon lente ou brutale :

  • Les traumatismes (contusion, corps étranger dans l’œil, brûlure, perforation, atteintes de l’aire visuelle occipitale, accident vasculaire cérébral…) provoquent une baisse brutale de l’AV ;
  • Les pathologies de la cornée, du cristallin (cataracte), du vitré, réduisent la transparence des milieux traversés par les rayons lumineux ;
  • Certaines atteintes rétiniennes affectent les cônes de la rétine (DMLA - dégénérescence maculaire liée à l’âge - rétinopathie diabétique, maladie de Stargardt…);
  • Sont également responsables d’une perte de l’acuité visuelle : le glaucome, le décollement de rétine…

Pour en savoir plus :


B- Le champ visuel

Le champ visuel est l’étendue de l’espace dans lequel un objet peut être perçu lorsque la tête et les yeux sont immobiles. Selon l’anatomie de chacun, la position des yeux dans les orbites et la sensibilité rétinienne, le champ visuel pourra présenter de petites variations individuelles, mais en règle générale, il couvre, pour chaque œil, une plus large zone en horizontal (90° du côté de l’oreille et 60° du côté du nez) qu’en vertical (50° vers le haut et 70° vers le bas).


Le champ visuel commun aux deux yeux s’étend sur 120° de large. Il est entouré de part et d'autre par un croissant de vision monoculaire d'environ 30° de large. Le champ visuel binoculaire s’étend donc sur 180°.


L'examen du champ visuel est effectué pour chaque œil et également en binoculaire. Il permet de déterminer non seulement les limites périphériques de la vision mais aussi la sensibilité rétinienne à l'intérieur de ce champ. Des troubles du champ visuel existent dans de très nombreuses maladies. Ils se traduisent par :

  • la présence d’un scotome (une ou plusieurs zones dans lesquelles l'œil voit moins bien ou ne voit pas du tout). Si le scotome est proche du centre du champ visuel, il s'associe à une baisse d'acuité visuelle ;
  • Une amputation d’une partie du champ visuel ;
  • Un rétrécissement concentrique du champ visuel.

La forme et la localisation de ces anomalies renseignent le médecin, mais des examens complémentaires sont souvent nécessaires. Dans certaines maladies, les perturbations du champ visuel seront caractéristiques (Source : http://ophtasurf.free.fr/vue/champ_visuel.htm)

Champ visuel normal, la vision périphérique est bonne.


Dans la rétinite pigmentaire, c'est tout le champ visuel périphérique qui peu à peu rétrécit pour finir par donner une vision "tubulaire" (comme si l'on regardait à travers un tube).


Dans le glaucome, les premiers déficits se feront sur la périphérie nasale du champ visuel.


Dans la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), c'est le champ central qui disparaît (scotome central).


Dans les atteintes de la voie optique rétrochiasmatique (en arrière du chiasma optique), la moitié du champ visuel est perturbée aux deux yeux.


Dans les atteintes du chiasma optique (section ou tumeur), on note alors une hémianopsie bitemporale (le champ temporal des deux yeux est perdu).


Les atteintes du champ visuel peuvent avoir des répercussions au niveau de la lecture, des tâches exigeant un contrôle visuel, de la perception de l’espace, des déplacements, de l’efficience et donc de l’autonomie de la personne.
La diversité des situations de déficience visuelle fait adopter des compensations, des stratégies et des aides variées. Étant privées d’informations visuelles, les personnes se sentent parfois insécures dans leurs déplacements. Elles doivent alors apprendre à utiliser leurs autres sens et à construire des représentations spatiales fiables pour pouvoir gagner en autonomie.
L´apprentissage de la technique de canne longue, qui permet la détection des obstacles et ainsi assure la sécurité du déplacement, peut être proposée à certaines personnes déficientes visuelles en fonction de leurs besoins propres et de situations particulières (conditions lumineuses défavorables, nuit, zones encombrées par exemple…).


C- La vision des couleurs

La couleur est un élément important de description d'une scène et le cerveau joue un rôle essentiel dans son utilisation.
Ce sont les trois types de cônes de la rétine qui sont à l'origine de la vision des couleurs. Certains sont sensibles au rouge, d'autres au vert et d'autres au bleu. Le traitement par le cerveau des signaux transmis nous fait prendre conscience de la perception colorée. Au crépuscule ou dans les lieux où la luminosité est faible, comme ce sont les bâtonnets qui fonctionnent, il est difficile de différencier les couleurs.
L’absence totale de vision des couleurs est une anomalie très rare qui fait qu’on ne perçoit d’une couleur qu’une impression de clair ou de foncé et que l'on ne voit que des tons de gris. En revanche, des dyschromatopsies héréditaires (différentes formes de daltonisme) ou des maladies oculaires ou générales peuvent altérer la vision de certaines couleurs et rendre difficile la différenciation des nuances. La découverte de ces anomalies permet à l'ophtalmologiste de poser ou de confirmer son diagnostic (utilisation de tests spécifiques).
Ces troubles sont à prendre en considération lors du choix de l’orientation scolaire et professionnelle.


D- La vision stéréoscopique

Nos deux yeux nous permettent de percevoir notre environnement de deux points de vue légèrement différents. Les deux champs de vision ne sont donc pas tout à fait semblables. Le traitement de superposition et de fusion de ces deux images par le cerveau permet la perception de la profondeur et de la distance. La vision stéréoscopique rend possible la vision en trois dimensions.
L'absence de vision stéréoscopique entraîne une image « plate » et rend difficiles l’évaluation des distances, la localisation et la coordination œil-main. Le cerveau doit faire des efforts pour imaginer le relief qui manque et compenser.
On peut se rendre compte de l'importance de la vision spatiale si l'on regarde avec un seul œil :

  • Prendre une carafe posée sur une table encombrée et se servir un verre d’eau ne sont plus des gestes aussi simples… On est vite maladroit ;
  • Apprécier la vitesse d’une voiture et juger du bon moment pour traverser la route en toute sécurité entraînent bien des hésitations…


E- Les mouvements des yeux

Le globe oculaire est maintenu par six muscles qui orientent le regard et permettent sa convergence sur des objets situés à différentes distances.
Les yeux sont sans arrêt en mouvement et se meuvent de différentes façons en fonction de l’activité : conduire, lire, regarder des images, suivre le déplacement d’un objet, contrôler à tout moment la netteté de l’image sur la rétine…
Lors de la lecture, les yeux ne glissent pas de façon continue sur la ligne. Ils se déplacent par saccades extrêmement rapides. Entre deux saccades, un temps d’immobilité permet la fixation au cours de laquelle l’information visuelle est extraite.
Toutes ces tâches exigent une bonne coordination binoculaire pour que saccades, fixations, mouvements de poursuites et de balayage, vergences (convergence et divergence) soient efficaces.
Des difficultés dans l’exécution des mouvements oculaires entravent les performances en saisie de l’information, en lecture et en écriture : omissions, sauts de mots ou de lignes, erreurs de copie, mouvements de la tête qui s’ajoutent à ceux des yeux lors de la lecture…


F- Pour conclure

Une altération de la vision affecte de façons diverses les différentes fonctions visuelles. L'évaluation des capacités visuelles repose sur un ensemble d'examens :

  • évaluation quantitative (acuité visuelle, champ visuel) ;
  • évaluation qualitative (perception des contrastes, vision nocturne, résistance à l'éblouissement, sens du relief, perception des couleurs…).

Si la perte de vision est importante, elle pourra entraîner un état de malvoyance ou même de cécité.

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